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Dieu nous déteste

Apocalypse Now.
Ou dans quelques jours, peut-être.
Dans ce cas : Apocalypse Soon, very soon.

Depuis le temps qu’on nous la promet, l’Apocalypse, sous toutes ses formes et dans tous les genres de films, c’est pas mal que ce soit notre génération qui y assiste ! Enfin un peu de mouvement !

Oui, car ils ont l’air décidés de la faire péter cette fois, leur connerie de bombe ! Bah, il fallait bien que ça arrive, ça fait 80 ans bientôt qu’on nous en parle de ça aussi ! Autant que nous soyons aux premières loges, je ne vous raconte pas le feu d’artifice ! Ça nous changera des petites guérillas merdiques du bout du monde, des petits attentats ridicules qui nous font une petite dizaine de morts, à peine de quoi occuper les JT de 20h.

Des générations, que dis-je, des milliers de générations d’humains, pour en arriver là ! En fait, la situation est beaucoup plus simple : Dieu nous déteste !

Bon, on commençait à s’en douter un peu, mais là, ça va commencer à se voir sérieusement… En 2020, Il nous balance un virus (dont on ne sait toujours pas – je vous le rappelle – d’où il vient vraiment). En 2022, allez, une petite guerre de plus (qui se rajoute à celles parsemées sur le globe, voir plus bas). Et je ne parle pas des présidentielles, restons sérieux…

Pour les petites choses du quotidien, on peut même pas compter sur Lui. Votre mari fait un AVC, votre gosse se fait renverser par une bagnole, vous faites une crise cardiaque ? Démerdez-vous ! Pourtant, c’est pas trop de boulot tout ça, Il pourrait faire quelque chose ? Même pour les quelques évènements un peu plus notables récents : la gamine qui se fait couper la main en Afghanistan parce qu’elle avait osé mettre du vernis à ongles, les 80 élèves morts dans une école bombardée par les hystériques de son concurrent (dans le même pays, Il avait même pas à se déplacer de beaucoup !).

On est encore loin de la grande Peste du 14e siècle, des deux guerres mondiales et des millions de morts des extinctions de masse de la Shoah ; on peut comprendre qu’Il ne se soit pas dérangé, ça devait faire beaucoup à la fois à gérer ! Mais là, ces derniers temps, Il devrait pouvoir y arriver, quand même ! Et puis, on n’imagine pas une multinationale, débordée par son manque de matières premières en cas de surcroit d’exportations, ne pas arriver à trouver des solutions d’une façon ou d’une autre. Il pourrait déléguer, au pire ! Justement, et Ses représentants, ils pourraient se bouger un peu aussi ? D’un point de vue strictement hiérarchique, un président de la république, s’il ne veut pas se déplacer, il envoie son 1er ministre faire le sale boulot, non ?

Pendant la guerre de 39-45, on ne peut pas dire que Pie XII se soit souvent manifesté, même si les réseaux sociaux de l’époque étaient embryonnaires, il aurait pu ramener un peu plus souvent sa fraise à Radio Vatican ! Durant la Crise des missiles de Cuba en 62, Jean XXIII avait lancé un vibrant appel à la paix entre les États-Unis et l’URSS de Khrouchtchev et il parait que ça avait « fortement » fait pencher la balance… Bon, il l’avait fait alors que les États Unis avait « fortement » coincé le fléau de ladite balance, voire, l’avait bloqué en position haute. Pas sûr que s’il n’avait rien dit, cela aurait changé grand-chose. Mais les bonnes âmes avaient vu là une action presque déterminante dans la crise, puisque 3 jours après, Khrouchtchev annonçait le démantèlement des armes susdites. Peut-être Jeannot 23 avait plus eu le sens du timing et de la com qu’on ne veut bien le laisser croire…

En Ukraine, le pays étant – aussi – divisé en deux sous-patriarcats (catholique ou orthodoxe, les deux TRES intégristes dans le genre), ça complique encore les choses ; mais je n’ai pas vu ou entendu les deux communautés s’exprimer beaucoup.

Quant à François 1er – qui, en plus d’avoir un nom apte à faire confusionner nos chères têtes blondes qui apprennent l’histoire de France, en plus du catéchisme – il nous a dit récemment (j’ai lu) qu’il « n’excluait pas de se rendre à Kiev ». Ah on sent l’empressement du mec prêt à se donner corps – et âme ! – à ses brebis ! Cette année, pour la bénédiction Urbi & Orbi de Pâques (j’ai écouté), il a énuméré les quelques pays en conflit dans le monde (il y en a au moins 25). Espére-t-il que cela change quelque chose, ou va-t-il lui aussi nous sortir une arme secrète ? Un crucifix volant qui va disperser de l’eau bénite sur les champs de bataille ? Ou bien va-t-il tout d’un coup prendre un avion, et aller se placer au devant des chars, comme un certain étudiant chinois l’avait fait sur la place Tian’anmen ? Avanti Francisco ! (accent italien) Va mouiller la chemise pour tes assujettis sacerdotaux ! Et il a répété 50 fois le mot « paix » durant son discours, comme si la seule invocation allait suffire à la déclencher. « Déclencher la paix », belle tournure de style !

Je crains hélas que cette répétition verbale n’aie contribué qu’à une seule chose : banaliser le mot PAIX. Le galvauder, l’appauvrir, le neutraliser.

Ça me rappelle Lenny Bruce, qui a été un des premiers à faire du stand-up sur scène aux States dans les années 50/60, et qui a déclaré un soir devant un auditoire médusé (constitué de blancs et de noirs, comme quoi c’était possible…) : « Et je répèterai nègre, nègre, nègre… Jusqu’à ce que ce mot ne veuille plus rien dire, qu’il soit vidé de son sens, et qu’il ne serve plus à faire pleurer un petit noir de six ans dans une cour d’école… ».

La surutilisation d’un mot amène souvent à son désarmement. Paradoxal pour le mot « paix » ! Bref, comme envoyés de Dieu, nos papes ne prennent pas trop de risques, même quand ça en vaudrait la peine.

Ah, ce n’est pas comme Bernard-Henri Lévy qui, lui, fonce sur tous les terrains où on s’étripe, avec sa chemise blanche et sa coupe de cheveux savamment en désordre, et va taguer comme il l’a fait récemment sur un barrage à Kiev « Liberté Égalité Fraternité ». Putain, voilà un truc qui fait avancer les choses ! Voilà qui doit foutre vachement la trouille à Poutine ! Je suis sûr que BHL a aussi un blog sur lequel il met ponctuellement « Sauvez les Baleines », rien que pour avoir 2000 likes de couillons bien-pensants, trop heureux de participer à l’Inutile.

Il y a un principe œcuménique qui consiste à faire croire que Dieu veut nous éprouver. Comme il l’a fait en poussant Abraham à sacrifier son fils, pour voir s’il était chiche de le faire. À l’école, pendant le cathéchisme, on apprenait que le « chemin facile » qui conduisait au Ciel ne plaisait pas à Dieu. Il valait bien mieux prendre le « chemin tortueux », plus difficile. Allégorie simplifiée pour faire comprendre aux enfants que la facilité n’était pas bien vue par Ce dernier… Visuellement, l’aumônier – qui savait bien dessiner, fruit d’une longue habitude – nous avait fait au tableau à gauche un chemin tortueux, hérissé d’épines, très caillouteux, et à droite une route ample et large qui tournait joyeusement en pente douce jusqu’en haut. Eh bien, c’était la route moche qu’il fallait prendre, car Dieu aime la difficulté. Il aime qu’on en chie sur des routes hérissées, qu’on se déchire les mollets puis qu’on s’use les pieds sur les cailloux pointus. Alors que les enfoirés qui vont rouler en Bentley sur les routes bien goudronnées, forcément, ils en profitent, mais qu’est-ce qu’ils vont se prendre sur la gueule après…. Après. Comment conditionner le (futur) petit peuple ?

Donc voilà, des milliers d’années d’épreuves à subir. Question épreuves, ça devrait aller, non ? Mon Dieu, mon Dieu, aidez-nous ! Je ne sais pas si c’est nous qui sommes trop longs à réagir, ou si c’est Lui qui s’avère dur d’oreilles ?

La vraie raison à tout ça, c’est qu’Il nous déteste vraiment ; Il ne sait plus comment se débarrasser de nous ! Ah bravo le Créateur !! Ou alors se contente-t-il de laisser faire, ou pire, il fait joujou ? On exécute des stratagèmes complexes et tridimensionnels d’évolution, qui ne font que se retourner contre nous… Nous sommes ainsi les pièces d’un échiquier gigantesque, une multitude de pièces sur une multitude de cases parsemant le globe terrestre, jeu d’autant plus compliqué que les cases et les règles sont invisibles. À part celles édictées à Moïse en son temps, mais depuis il y a eu prescription !

Ou encore plus simple : nous ne sommes que des Playmobil stupides, déplacés çà et là par un destin aveugle, mais obéissants. En tout cas pour ma voisine de palier, j’en suis sûr, avec la coiffure qu’elle se paie !

Franchement, imaginerait-on des parents lâcher leurs rejetons à peine leur première bêtise faite, tout ça à cause d’une pomme croquée un peu vite ? Imagine-t-on un laborantin, penché depuis des semaines sur son microscope, à observer ses levures, ses cultures de virus, les abandonner soudain ? Il devrait en être de Dieu comme des laborantins. Merde, quoi, ce n’est pas la faute de la bactérie si elle commence à dégénérer, ou au contraire à se multiplier à outrance en s’échappant du labo. C’est la faute de celui qui en est responsable ! Entre responsabilité et trajectoire libre, qui a la responsabilité, qui n’a que la trajectoire ?

Pierre-Simon de Laplace était mathématicien, astronome, physicien et homme politique français, un des principaux scientifiques de la période napoléonienne. À la différence d’autres scientifiques, Laplace ne donnait pas aux mathématiques un statut particulier, mais y voyait plutôt un instrument utile pour la recherche et pour les problèmes pratiques. Alors qu’il présentait au général Bonaparte – qui n’était pas encore Napoléon – la première édition de son « Exposition du Système du monde », le général lui dit : « Newton a parlé de Dieu dans son livre. J’ai déjà parcouru le vôtre et je n’y ai pas trouvé ce nom une seule fois. »
Ce à quoi Laplace aurait répondu : « Citoyen premier Consul, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. »

Vous avez vu, tout le long du texte j’ai mis des majuscules partout, dès que j’ai invoqué Son nom. Bah oui, on ne sait jamais… Quand même, hypothèse ou pas : je pense qu’Il ne Nous mérite pas.

Dieu ne veut plus être responsable de nous ?
Si jamais ça pète, ce sera bien fait pour Lui.